Critique The Zone of interest de Jonathan Glazer

Durant trois minutes trente la salle Lumière à été dans le noir, cela était voulu, voici la porte d’entrée du nouveau film de Jonathan Glazer. La première image est un plan large en bord de rivière, dans les herbes une grande famille est installée. Cadre idyllique, à ceci près que la famille prenant du bon temps n’est autre que celle de Rudolf Höss, le commandant d’Auschwitz. La maison où il reside avec sa femme et ces 4 enfants se trouve juste à côté du fameux camp de concentration, du jardin on aperçoit les murs bien haut, mais aussi les fenêtres et un mirador. Voici une plongée en enfer vue par le prisme d’une famille Allemande en vacances à côté d’un camp de concentration. Sortie en canoë, pique-nique, piscine, repas des plus gourmand, ballade à cheval, rien ne manque dans cette demeure, pourtant jugée trop petite par Hedwig Hensel, épouse de Höss. Elle dispose d’un très joli jardin, d’un potager agréablement fourni et de fleurs bien éclosent. Jonathan Glaxer choisit très souvent le plan large et fixe, la composition du cadre à l’élégance de somptueux tableaux millimétrés. Mais se tableau se dérobe et on n’y entend très souvent des coups de feu et des cris… Il y a aussi cette fumée noire qui se propage en l’air ainsi que la fumée d’arrivée et de départ des trains terriblement bondés. À noter le travail somptueux de Lukasz Zal sur la photographie et la couleur rouge qui vient nous rappeler l’immense cruauté.
La force devant pareil horreur étant de ne pas se montrer et que tout se joue sur le hors champ. Nous ne verrons jamais de prisonnier ou presque, étant une grande famille, des domestiques sont présents, mais sinon on se contentera de silhouettes, de voix, de dents, d’os retrouvez au bord d’un lac, de rouge à lèvres ainsi que des vêtements pour adultes et enfants. Voilà l’image que le film renvoi des prisonniers d’Auschwitz. Sans équivoque un autre élément remarquable est le travail sur la musique de Mica Levi tout bonnement impressionnant, sans oublier le sonore de Johnie Burn. Nous ne ressortons pas indemne d’une telle expérience cinématographique, glaçante du début à la fin, grâce au talent prodigieux de Sandra Hüller et de Christian Friedel. Voilà un film tristement inoubliable.

Ma Note

5 / 5