Critique Past Lives de Celine Song

De l’autre côté du bar on aperçoit en premier lieu, une femme accompagnée de deux hommes. Le film débute par une voix off et comme cette voix, nous supposons des idées à la vue de ce trio. Vers quoi allons nous nous embarquer? Ne serait-ce pas une énième love story déceptive, tout en clichées ou grossièrement écrite ? Bien souvent on retrouve des personnages encrés dans des stéréotypes, dont la construction narrative n’étonne guère, voyant de loin le déroulement implacable d’une pseudo intrigue, dont on connaît déjà la fin dés les premières minutes. Puis arrive, comme il ce fait rare de nos jours, de jolis miracles.


Le premier film de Celine Song à la douceur incommensurable où l’amour se conjugue au pluriel. C’est l’histoire de Nora et Hae Sung deux amis d’enfance qui, dans leur jeunesse, font connaissance avec les prémices de l’amitié et de l’amour. On retrouve au casting Greta Lee qui tient ici son premier grand rôle, on a pu la découvrir dans des seconds ou petits rôles au cinéma et en série. Quant à Teo Yoo, on à déjà pu le voir sous la caméra de Kirill Serenrennikov et le somptueux « Leto » sortie en 2018 et plus récemment chez Park Chan-Wook dans « Decision to leave ».
L’alchimie est totale entre les deux comédiens qui dégagent la même force, que cela soit dans les regards ou la gestuelle des corps, ils ont l’osmose des grands couples de cinéma. Tout comme Ruth Negga et Joel Edgerton dans « Loving  » de Jeff Nichols il émane d’eux une force et un sentiment d’amour universel.

Ici pas de Dr. Mierzwiak, pour effacer de nos mémoires cette histoire d’amour, comme dans « Eternal Sunshine of the Spotless Mind » de Michel Gondry. Non, le destin va s’en charger pour eux, un beau jour Nora quitte avec ses parents la Corée du Sud, pour émigrer à Toronto. De là se construit petit à petit la profondeur des personnages, d’une simplicité redoutable. Admirablement écrit, à la mélancolie enivrante, « Past Lives » a la force des grands films et du temps qui passe en questionnant nos choix de vie. Il y a des regards qui ne trompent pas où l’amour irradie du cadre. Un sentiment de bonheur intense jaillit de la démarche de Nora à travers les rues de New York, cette envie pressante de retrouver derrière un écran, malgré l’éloignement, le visage de Hae Sung 12 ans après son départ de Corée du Sud. Past Lives, à la beauté et la grâce du cinéma de Jeff Nichols, la mélancolie déchirante d’un « Normal People ». Une course contre le temps qui passe, tout simplement déchirant. Intelligent, prenant toujours à contre-pied le chemin qui mène vers la facilité. Une course de fond sans ligne d’arrivée, car peu importe le grand vainqueur, l’amour a déjà triomphé.

Ma Note

4,5 /5